D’une façon globale on pourrait dire que:
- par le soin apporté dans le choix des matériaux et leur appareillage qui à eux seuls provoquent un effet décoratif de lignes et de couleurs,
- par la géométrie simple de cette façade dont l’horizontalité est nettement scandée par des éléments de pierre et de briques verticaux,
- par le dessin des trois arcades du rez-de-chaussée (l’arc central étant surbaissé pour rester au niveau des deux autres),
- par l’importance de la toiture aux lignes élégantes,
la Villa des Hêtres évoque cet « Art Déco » encore « tempéré », qui se souvient de la souplesse de l’art nouveau et qui est encore éloigné du Modernisme.
Cette construction s’articule en un plan central autour du hall et de la cage d’escalier principale qui est éclairée par un puits de lumière provenant d’un lanterneau à la partie supérieure. Schéma devenu assez habituel depuis le début du siècle dans les constructions d’une certaine importance et notamment dans l’art nouveau.
Dans ses remarques d’Angleterre encore, Emile disait :
«…The entrance hall…même dans la plus petite maison, doit être bien compris, car c’est le moyen de communication entre les principales places et contient l’escalier qui est toujours un motif d’architecture de la maison… »
La luminosité du lanterneau, se trouvant surmonté d’un grenier, est préservée par une grande ouverture vitrée dans la toiture, mais sa transparence est malheureusement compromise car il est très poussiéreux aujourd'hui.
Au pied de l’escalier deux luminaires sphériques au feuillage géométrisé. Typique Art Déco.
Un rez-de-chaussée avec 5 grandes pièces de réception réparties à gauche et à droite de la cage d’escalier : salon, salle de billard et bureau, grande et petite salle à manger.
Un espace toilette et dégagement (vestiaire ?).
Dans la partie arrière, une assez grande superficie est réservée pour les « communs » : cuisine, office, descente vers les caves (toilettes et évier) et escalier étroit menant vers les chambres du personnel à l’étage.
Plusieurs sanitaires (encore rares à l’époque) bien aménagés et en nombre suffisant pour éviter aussi toute promiscuité.
Emile avait également remarqué en Angleterre qu’il était de bon ton que la circulation du « personnel » soit tout-à-fait séparée de celle des propriétaires !
Dans British home of to day , il notait :
“…le hall ne doit pas servir de communication entre la porte d’entrée et le quartier des domestiques. Au contraire le hall doit être absolument privé… ! »
La grande salle à manger s’ouvre sur une double terrasse permettant l’accès au jardin.
Comme indiqué sur les plans, l’architecte avait prévu que ces pièces de réceptions ne soient séparées entre elles que par de grandes baies en arcs en anses de panier et elles sont, aujourd’hui encore, soulignées par une légère moulure décorative en plâtre blanc.
Un premier étage avec 6 chambres de différentes dimensions, toilette, salle de bains, plus deux petites chambres à l’arrière pour les « sujets » !
N.B. : Une salle de bain, à l’époque, était encore un grand luxe et même une rareté, car on ne pourra parler de «généralisation» à ce propos que vers les années 1950.
Chez Emile, l’importance de toutes les questions se rapportant à l’hygiène est encore une trace de l’influence anglaise et des souvenirs qu’il a rapportés de son séjour outre-manche !
La baignoire, de forme compacte et les lavabos ainsi que le bidet, sont typiquement « Art Déco » des années 1930; l’ensemble est de couleur verte.
La robinetterie semble avoir été remplacée.
En sous-sol : vastes caves avec grand garage et chaufferie (Chauffage central précisé sur le plan, au charbon).