mile et sa famille ont dû rentrer d’Angleterre au plus tard au début 1919.
En témoigne le document daté du 31 août 1919 et signé par l’architecte Victor Degand. qui certifie qu’Emile De Boelpaepe a travaillé pour cet architecte pendant une période de six mois en qualité de dessinateur-architecte .
La famille se réinstalle rue du Parc Elisabeth n° 17 à Koekelberg.
Mais avant d’aborder l’histoire professionnelle et personnelle d’Emile, il est peut-être utile d’évoquer brièvement le contexte socio–économique de l’époque. .
Au lendemain de l’Armistice , la Belgique s’est retrouvée dans une situation très critique.
On estime le nombre de Belges momentanément dispersés par la tourmente de la guerre et par la grippe espagnole à environ 1,5 millions d’individus.
Les usines sont démantelées, les hauts Fournaux endommagés, de nombreux immeubles sont détruits ainsi que des voies ferrées et des lignes vicinales.
Le nombre de chômeurs est très important. La vie quotidienne s’avère difficile : pénurie alimentaire en 1919 jusque début 1920.
S’éclairer le soir présentait une réelle difficulté; d’où la réapparition des antiques lampes à pétrole !
Il fallait donc reconstruire le pays. Les Belges vont retrousser leurs manches !
Aussi la situation économique et sociale du pays va s’améliorer rapidement et de façon constante jusqu’en 1930.
Dans le secteur du bâtiment, il y eut dans ces premières années après la guerre, sous le gouvernement d’Union Nationale, un grand enthousiasme pour la reconstruction.
Chacun étant persuadé que tout se ferait aux frais de l’Allemagne !
En septembre 1919, s’ouvrit au palais d’Egmont une grande exposition sur le thème
" reconstruction des régions dévastées ". En avril 1920, l’Union des villes belges organisa l’ouverture de la " Conférence nationale de l’habitation à bon marché ".
En 1921 " La société des habitations et logements à bon marché " était mise sur pied.
Louis Vander Swaelmen deviendra l’urbaniste des principales cités-jardins édifiées à Bruxelles à partir de 1922 (J.J.Eggerickx réalisa le Logis et Floréal à Watermael-Boitsfort).
L’architecte Victor Bourgeois fut l’auteur de la Cité Moderne ( fin 1922) à Berchem Ste Agathe.
On va construire aussi des immeubles à appartements malgré la réticence de la bourgeoisie qui préfère les villas à la campagne ! (La "campagne" à l’époque recouvre les actuelles communes du Sud et de l'Est de la périphérie bruxelloise !).
Les années 20 – 30 furent aussi des années de progrès en matière d’acquis sociaux.
De citer par exemple l'instauration du suffrage universel en 1919, de la journée de huit heures en 1921. Le travail de 48h par semaine voit le jour. On travaille six jours sur 7 ! " les travailleurs doivent disposer de loisirs nécessaires pour profiter de la vie de famille ".
La" Maison des Huit Heures " s’installe place Fontainas :
( 8h de travail / 8h de sommeil / 8h de loisirs ). En 21 également le droit de grève est acquis.
En 1930, afin de lutter contre la dénatalité, le gouvernement crée le système des allocations familiales (le premier du monde !). L’ONE voit le jour de même que la ligue contre la tuberculose et la Croix Rouge de Belgique.
On assiste donc à une amélioration des conditions de vie des Belges en général.
Les gens de presque toutes les conditions - en particulier la classe ouvrière - vécurent mieux qu’avant 1914.
En 1928, 38 502 logements à bon marché ont été construits.
Les Années Folles
On appela les années 20 – 30 " les années folles ", selon expression créée en France.
En effet, après le premier conflit mondial, une génération nouvelle rêve d’un monde nouveau, pacifiste et veut profiter de la vie au maximum !
On lui propose de nouvelles griseries sur fond musical : notamment le jazz venu des USA avec les Alliés. Et d’autres griseries encore : les automobiles, la danse, la radio, les sports. Une décennie de fêtes, d’illusions, de libération caractérise cette époque.
Les femmes ont acquis de l’indépendance. En France, Colette symbolise ce renouveau féminin ainsi que la styliste Coco Chanel.
Le Surréalisme engage la création artistique et littéraire dans une véritable révolution culturelle où le culte radical de la Liberté prend une place centrale.
La Belgique va suivre Paris et Londres mais plus modestement.
Bruxelles reste une petite ville de province ". Les Belges gardent encore un côté traditionnel comme dans le mariage de Melle Beulemans ( film tourné en 1927 sur la Grand-Place de Bruxelles).
Un des chanteurs préférés de cette génération est Maurice Chevalier.
Une danse nouvelle fait fureur en 1925 : le charleston !
D’où le triomphe de la " robe charleston " et " du petit bibi ".